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CP - Initiative “Service Citoyen”: ne vous faites pas avoir !

 

Ce midi 21 octobre, la campagne de gauche contre l’initiative “service citoyen” s’est officiellement lancée lors de notre conférence de presse. Etaient représenté·es : solidaritéS & la Jeunesse solidaire, la Grève Féministe, les Jeunes Vert·exs, le Parti Socialiste, Marad, le SSP et le GSsA. Nous avons ainsi pu, selon une perspective progressiste, expliquer en quoi cette initiative est problématique et mensongère. 

 

Teo Frei (solidaritéS) a débuté la conférence en expliquant le contenu du texte d’initiative qui vise, derrière son vernis citoyen, à renforcer l’armée au détriment du service civil et des femmes : “l’initiative propose de supprimer la mention du “service civil” de la constitution et d’y substituer une “garantie des effectifs” des services d’urgence, à savoir l'armée et la protection civile, sur la base d’un critère flou de “crise”. [...] le caractère militariste ressort également de la composition du comité d’initiative qui compte 7 personnes ouvertement affiliées à l’armée et dont plusieurs officiers et officières. Le camouflage militaire teste ainsi une nouvelle piste : se déguiser en civil”. 

 

Une initiative trompeuse et fondamentalement anti-féministe comme le dénonce Françoise Nyffeler (Grève féministe) : “Supercherie dans l’énoncé : les initiants n’osent pas annoncer clairement qu’il s’agit d’enrôler les femmes dans l’armée, ils recouvrent cela d’un discours lénifiant d’aide à la population.” Elle poursuit et détaille : “L’armée est un haut lieu du patriarcat, reproduisant, formant les « vrais » hommes et défendant des valeurs qui sont totalement opposées aux valeurs féministes. [...] Non les femmes et les personnes LGBTQIA+ n’ont aucun intérêt à renforcer cette institution armée qui défend des valeurs opposées à leur émancipation et renforçant leurs oppressions. [...] Ce n’est pas le renforcement de l’armée mais bien au contraire des moyens pour des campagnes et des formations généralisées contre les violences systémiques, des équipes pédagogiques dédiées à ces questions qui pourront combattre la domination masculine prônée notamment par la structure militaire”.

 

Anne Michel (Syndicat des services publics) explique l’impact délétère de l’initiative pour les travailleur·euses : “Le point central pour les syndicats concerne le recours massif aux civilistes par les institutions pour combler leurs besoins en personnel. C'est particulièrement visible dans le secteur de la santé - notamment les EMS - mais aussi dans le social. Ces civilistes sont peu ou pas formés. Forcément, nos métiers "de femmes", ne nécessitent pas de formation... C'est "instinctif"... Cette situation de dumping salariale existe déjà aujourd’hui, mais elle serait multipliée par deux avec l’initiative.”

 

Florian Schweri (PS) a rappelé quant à lui le coût qu’auraient à payer les travailleur·euses avec cette initiative : “Les personnes qui accomplissent un service, quelle que soit sa forme, sont indemnisées par les allocations perte de gain (APG), qui sont financées par des cotisations salariales. Doubler le nombre de personnes astreintes signifierait donc doubler le budget nécessaire aux APG et par conséquent doubler les cotisations salariales destinées à leur financement, entraînant une baisse des salaires nets”.

 

Yasemine Amorim-Esenli (Jeunes Vert·exs) a souligné que cette initiative s’inscrit dans une attaque plus globale contre le service civil : “cette initiative rejoint la loi votée au Conseil national visant à réduire le nombre d’admissions au service civil. En effet, l’objectif est d’atteindre 4’000 admissions / année par rapport aux 6’800 actuelles. Cela correspond à une réduction de plus de 40%. Les Jvert·exs se mobiliseront donc tant dans la campagne référendaire à cette loi que dans celle contre cette initiative. 

 

Le collectif juif décolonial Marad pointe lui du doigt l'immense hypocrisie de cette initiative ainsi que le danger qu'elle représente : “Une des grande supercherie des défenseurs de cette initiative consiste à faire croire qu'elle est un projet égalitaire et inclusif. Nous considérons que le féminisme, comme les luttes LGBTQIA+ sont indissociables de l'antimilitarisme. Prétendre qu'une armée mixte viendrait effacer les stéréotypes de genres et les inégalités est un leurre et une instrumentalisation de nos luttes, dans la mesure où nous savons toustes que l'armée entretient toujours une relation étroite entre masculinité, suprématisme et militarisme”. Marad prend l’exemple de la situation en Israël : “Penchons nous sur le cas d’Israël où le service militaire est obligatoire et mixte mais est en train de perpétuer un génocide. [...] Non l’armée n’est pas et ne sera jamais égalitaire. Elle ne sera jamais du coté du peuple et nous refusons d’être son “terrain d’expérimentation”. Elle n’est que l’affaire des dominants et des trafiquants d’armes que sont nos états, qui permettent un génocide en Palestine.”

 

Pauline Schneider (GSsA) a rappelé que le DDPS a enchaîné bourde sur bourde ces dernières années et trafique déjà le décompte des effectifs pour les gonfler illégalement : ”Aujourd’hui les effectifs de l’armée sont déjà illégalement trop élevés. Dès 2022, le DDPS a arrêté de compter, dans ses effectifs, toutes les personnes en dernière année de service. Pourtant, ces personnes restent mobilisables. Un changement de calcul évidemment non annoncé, afin de mettre une pression supplémentaire sur le Parlement, pour manipuler le discours et demander davantage de fonds. Alors même que le DDPS a passé en force l'achat des F-35 sur la promesse d’un “coût fixe”, a enchaîné les démissions et a même maintenu l’acquisition de drones israéliens incapables de voler seul, de résister au gel tout en étant livrés avec des années de retard. Il nous semble important de rappeler ces points au moment où le comité d’initiative cherche à astreindre l'entièreté de la jeunesse à ce département.”

 

Pour toutes ces raisons, nous appelons à un refus clair et net de cette initiative mensongère et militariste ! 

 

Personnes de contact :

  • Teo Frei, 076 534 33 51 (solidaritéS et Jeunesse solidaire)
  • Françoise Nyffeler, 079 202 65 53 (Grève féministe)
  • Anne Michel, 078 633 89 24 (Syndicat des services publics SSP)
  • Pauline Schneider, 078 649 76 48 (Groupe pour une Suisse sans Armée GSsA)
  • Florian Schweri, 079 891 60 28 (Parti socialiste)
  • Yasemin Amorim-Esenli, 079 866 18 42 (Jeunes Vert-e-x-s)
  • Caroline Rosenberg, 076 346 32 89 (Marad)